Si les regards trop lourds te font grincer les dents,
si le temps semble long, si l’hiver est trop tiède,
si tu trembles d’avoir tant de force en-dedans
et rien pour l’exprimer, pour appeler à l’aide,
s’ils sont tous étrangers, inconnus, s’ils sont sourds
à tes cris de détresse, aveugles à tes gestes,
si chaque mot s’écorche à leur tourner autour
dans leur indifférence aux relents indigestes,
si tu sens quelquefois ton poing, sans le vouloir,
se crisper à percer de tes ongles au sang
ta paume endolorie, dans une fureur noire,
et si tu vis chaque heure en rêvant d’être absent,
enfin si tu n’as pas ta place où que tu sois,
et si tu crains tandis que s’écoulent les heures
de voir glisser le temps, de devoirs en faux choix,
et de laisser ta chance, inutile, en demeure,
brûle, embrase et soumets ! Ta vie n’est pas figée,
tes jours ne sont qu’à toi, et tu n’as qu’une chance !
Brûle, embrasse et dévore ! Nul ne peut diriger
tes pas, nul n’a ta force et nul ton existence !
Brûle et fais donc brûler le monde à travers toi.
Si tu dois parler : chante, et crie ! Pas de murmure !
Brûle, et regarde-les se tenir seuls et froids.
Brûle et délivre-les si tu peux de l’obscur…